DES DÉCOUVERTES MAJEURES

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Comment l’expérience de la transcendance améliore le fonctionnement du cerveau

La recherche de pointe sur la MT a permis une avancée dans la compréhension du potentiel humain

Par David Orme-Johnson, Ph.D.

Qu’arrive-t-il à notre cerveau lorsque nous pratiquons la Méditation Transcendantale et que nous transcendons ? Connaissons-nous un état de conscience différent des états de veille, de rêve et de sommeil ? Et si oui, en quoi cela nous aide-t-il à réaliser la totalité de notre potentiel humain ?

Voici quelques-unes des questions auxquelles notre équipe internationale représentant diverses disciplines essayait de répondre dans les années 1970. Depuis l’Université de recherche européenne Maharishi (MERU) dans les Alpes suisses et françaises, nous nous sommes efforcés de décrire scientifiquement la conscience transcendantale, l’état de conscience que nous expérimentons lors de la pratique de la technique de MT .

(Traduction de l’article : « How Transcending Optimizes Your Brain », 3ème d’une série de 5 articles publiée sur le site EnjoyTMnews.org

Comme je l’ai indiqué précédemment, le travail novateur du Dr Keith Wallace a démontré que la MT produit un quatrième état de conscience majeur caractérisé par des changements physiologiques spécifiques, et l’étude pilote du Dr Demetri Kanellakos a commencé à montrer le large éventail d’effets résultant de l’expérience régulière de cet état de conscience. Nous avons alors cherché à affiner notre compréhension des effets de la MT sur le cerveau.

Keith Wallace, David Orme-Johnson, Paul Levine et Chris Haynes discutent de leurs recherches lors d’une réunion avec Maharishi

Le Dr Jean-Paul Banquet est venu à MERU (Maharishi European Research University) pour partager avec Maharishi Mahesh Yogi et les scientifiques présents ses premiers résultats concernant l’observation des ondes cérébrales pendant la MT. Jean-Paul Banquet a décrit comment les ondes alpha lentes présentes dans différentes parties du cerveau deviennent plus synchrones ou « en phase » les unes avec les autres.C’est alors que Maharishi nous a indiqué que la synchronie était une clé pour comprendre la neurophysiologie de la conscience transcendantale. (À lire ici : Des recherches fondatrices)

Cependant, il y avait toujours un énorme fossé entre les idées en évolution rapide acquises dans l’entourage de Maharishi et la façon dont les autres scientifiques envisageaient ce qu’est la conscience. En réponse à nos premières recherches, certaines études publiées ont affirmé que la conscience transcendantale n’était pas un état spécifique. Pour fournir une meilleure compréhension scientifique de la façon dont change le fonctionnement du cerveau dans le quatrième état de conscience, nous devions entreprendre de nouvelles études et technologies.

Nous souhaitions démontrer que tout le monde transcende et connaît la conscience transcendantale au cours de la pratique de la MT, qu’on le sache clairement ou non. Comme vous le verrez, c’est l’origine de la diversité des bienfaits dont témoignent les méditants, tels que le développement de l’intelligence, de la créativité, du raisonnement moral et de la réalisation de soi. Il s’avère que Maharishi a initié une direction de recherche totalement nouvelle, d’une importance capitale non seulement pour notre recherche scientifique sur l’illumination, mais aussi pour le domaine des neurosciences en général.

La conscience transcendantale est-elle identique au sommeil ou à la période d’endormissement ?

Certains articles ont essayé d’expliquer les caractéristiques physiologiques et EEG de la MT comme une forme d’état de conscience de veille, de rêve ou de sommeil, ou un état altéré comme l’hypnose, ou encore une simple relaxation. Le Dr Wallace a montré dans son article publié dans Scientific American que la MT est complètement différente de l’hypnose et de nombreuses méta-analyses ont montré au fil des ans que la MT a des effets bénéfiques beaucoup plus profonds que les techniques de relaxation, concernant notamment  l’anxiété et la consommation d’alcool, de drogue et de tabac, la baisse de la tension artérielle, l’amélioration de la santé psychologique et l’auto-actualisation.

Une étude a mentionné une prépondérance des phases de sommeil pendant la MT et a suggéré que les bienfaits de la MT pouvaient être les résultats d’une simple sieste. Certes le sommeil peut être bénéfique, mais nous avons découvert plus tard que dans cette expérience les chercheurs utilisaient de l’éther pour positionner les électrodes EEG, ce qui explique pourquoi les méditants s’endormaient ! De plus – et nous le soulignons lors des premiers jours de pratique de la MT – le fait de dormir pendant la méditation est naturel si le corps est fatigué. Mais comme Maharishi l’a indiqué, le sommeil pendant la MT n’est pas la conscience transcendantale.

Dr Jean-Paul Banquet, chercheur en neurophysiologie

Lors de notre voyage en Angleterre avec Maharishi en 1973, avec Jean-Paul Banquet, nous avons rendu visite au Dr Peter Fenwick, neuropsychiatre, dans son laboratoire EEG à l’hôpital Maudsley à Londres. Fenwick pensait ouvertement que ce qui se passe pendant la MT est similaire à ce que l’on voit au début du sommeil et qu’il n’y avait là rien de nouveau. « Pas du tout », a répondu Jean-Paul, car il pouvait faire la différence entre un EEG enregistré pendant la MT et celui de l’endormissement.
Le Dr Fenwick a alors défié Jean-Paul, à partir de deux enregistrements EEG qui pour moi paraissaient assez semblables, de dire lequel était celui enregistré pendant la MT. Jean-Paul a regardé attentivement les deux tracés EEG pendant 30 secondes, et a répondu « La MT, c’est celui-là » . Il avait raison ! J’étais soulagé. Le docteur Fenwick quant à lui avait l’air sceptique. C’est un coup de chance, me suis-je dis, même si je savais que Jean-Paul comprenait mieux que moi les effets de la MT sur l’EEG.
D’autres rencontres que celle de Fenwick nous ont fait ressentir le besoin urgent d’aller plus avant dans le mesure de la synchronie pour montrer de façon irréfutable le caractère unique de la conscience transcendantale. Jean-Paul avait identifié la synchronie EEG par l’observation visuelle des enregistrements papier EEG. Il nous fallait maintenant quelque chose de plus précis. C’est ici qu’intervient le Dr. Paul Levine.

Mise en évidence de la cohérence EEG pendant la MT

Notre collègue Paul Levine, en tant que physicien, a commencé à chercher comment une mesure précise de synchronie entre divers phénomènes – ce qu’on appelle en physique : la cohérence – pouvait s’appliquer à l’EEG enregistré en différentes régions du cerveau. Ce qui a abouti à des diagrammes de cohérence spectrale, ou COSPAR en abrégé.

Dr Paul Levine, physicien, créateur des diagrammes de cohérence spectrale (COSPARS)

Paul a été un pionnier du calcul par ordinateur du degré de similitude temporelle entre deux ondes EEG. La synchronie avait été observée visuellement, en regardant sur les EEG les pics et les creux des ondes enregistrées et si ces pics et ces creux étaient alignés. La synchronie est relativement facile à détecter quand deux ondes gardent la même forme pendant quelques secondes. Mais les ondes EEG présentent de grandes variations, et l’utilisation d’ordinateurs s’est révélée indispensable pour pouvoir évaluer le degré de corrélation entre les ondes, même si ces ondes ne sont pas exactement identiques mais présentent néanmoins une relation stable pendant quelques secondes.

La mesure précise de ce degré de corrélation est appelée cohérence : c’est la corrélation entre l’activité de deux zones du cerveau à une fréquence donnée et au fil du temps. La cohérence est une valeur précise, allant de 0 (sans cohérence) à 1,0 (cohérence parfaite). La cohérence est par conséquent une mesure tout à fait précise du degré d’ordre dans l’interaction entre des régions du cerveau et, cette notion permet de montrer comment, instant après instant, les diverses zones du cerveau produisent un fonctionnement unifié (cohérent) à la base de la qualité de notre pensée.

Le travail de Paul nous a permis, à nous ainsi qu’à la recherche scientifique en général, de ne plus faire appel dans ce domaine à des jugements subjectifs, mais de détecter et d’étudier des changements plus subtils dans la dynamique globale du cerveau. Avec cet outil élégant, nous étions maintenant en mesure d’étudier le processus de transcendance.

Le travail de Paul au laboratoire d’électroencéphalographie de MERU, avec l’aide de Russell Hebert, Chris Haynes, Urs Strobel et Alarik Arenander, a jeté les bases d’une mesure fiable de la cohérence cérébrale liée à l’expérience de la transcendance et a élargi considérablement notre compréhension de la conscience transcendantale. Ses COSPARS ont montré que les ondes cérébrales alpha 1, celles dont Keith avait montré en premier lieu l’augmentation pendant la MT et dont Jean-Paul avait repéré la synchronicité, présentaient une cohérence élevée sur l’ensemble du cerveau. Les COSPARS indiquent que pendant la MT les ondes cérébrales émises par différentes parties du cerveau deviennent cohérentes en atteignant une valeur de 95%, la cohérence parfaite étant indiquée par une valeur de 100% (voir graphique 1).

Schéma 1 : Diagrammes de cohérence spectrale pendant la MT.

Cet ensemble de 4 COSPARS montre ce qui se passe dans 4 zones principales du cerveau avant, pendant et après la pratique de la MT. Le sujet testé pratiquait la MT depuis environ 4 ans. Les lignes jaunes en pointillé indiquent le début et la fin de la MT. Les « bosses » indiquent des périodes durant lesquelles le fonctionnement du cerveau est ordonné avec des cohérences supérieurs à 95% (100% correspondant à une cohérence parfaite) pour la bande de fréquences alpha-1, de 8 à 10 Hertz : ces pics de cohérence apparaissent quelques minutes après le début de la MT et continuent après la méditation pendant la période yeux fermés. La cohérence globale (à voir à droite de chaque COSPAR) est la cohérence compilée de toutes les longueurs d’onde de l’EEG : elle augmente pendant la MT et se maintient ensuite.

Nous avons montré par ailleurs qu’une nuit de sommeil avait les effets inverses, avec une diminution spectaculaire des ondes alpha-1 et de la cohérence globale de l’EEG. Cela confirmait que les COSPARS donnaient une indication de l’état de conscience dans lequel se trouvait une personne, et que cela allait dans le sens de l’affirmation du Dr Wallace. À savoir que l’état de conscience expérimenté pendant la MT correspondait bien à un quatrième état de conscience distinct des 3 autres, veille rêve et sommeil profond. Les COSPARS ont montré, qu’à l’inverse du sommeil, la MT se caractérise par un éveil intérieur, un glissement sans effort vers une expansion de la conscience et un fonctionnement plus intégré du cerveau.

Paul, qui était de nature plutôt prudente, hésitait à parler de ces résultats à Maharishi avant de faire d’autres expériences qui lui permettraient d’être absolument sûr de ces résultats. Mais dans tout le laboratoire l’enthousiasme allait croissant et Paul en vint à demander à Alarik : « Est-ce que je devrais en parler à Maharishi ? » C’est ce que fit Paul finalement et Maharishi en fut tellement enchanté qu’il décida sur le champ d’une célébration par une promenade en bateau sur le lac Lucerne durant laquelle Paul annonça à tous sa découverte. Ce fut un autre moment fort dans la recherche scientifique sur l’illumination.

Transcendance claire, cohérence de l’EEG, créativité et H-Reflex sont interconnectés

En 1976, alors que j’étais directeur de recherche à MERU, nous faisions des études comparatives entre des personnes ayant des expériences claires de la transcendance et d’autres ayant des expériences moins flagrantes. Voici quelques exemples d’expériences claires que nous avons publiées en 1981 dans notre étude publiée dans International Journal of Neuroscience.

« L’expérience qui prévalait dans ma méditation était celle d’un silence profond et en expansion, de caractère stable et immuable. » – Canada.
« La plupart de mes méditations  sont profondes et pleines de silence avec des moments de suspension de la respiration. » – Afrique du Sud.
« L’expérience était pleine de béatitude, très claire, de l’ordre de la corrélation infinie car je me sentais infini, illimité, existant partout à l’identique. » – Etats Unis.
« J’ai ressenti la fraicheur de ce bien-être profond dans tout mon corps… Dans cet état de profonde et innocente fraicheur, dans ce transcendant, l’attention grandit de plus en plus dans sa capacité d’éveil. » – France.

Russel Hebert applique les fils de connexion pour l’EEG sur Alarik Arenander, qui était alors étudiant à l’UCLA en neuro-anatomie et l’homme de la situation pour répondre à nos questions sur le cerveau.

Nous avons également fait passer des tests de créativité standards à nos sujets EEG (le test de Torrance sur la pensée créatrice) et mesuré sur eux le réflexe H, une mesure de la vitesse de réaction des nerfs rachidiens pour répondre à une stimulation.

Un jour où je me sentais particulièrement clair et heureux, j’ai proposé à Russel de vérifier s’il y avait corrélation entre la cohérence EEG et la créativité. Dans le silence de ma conscience, je voyais intuitivement ce que cette corrélation devait être. J’ai vu des nombres défiler lentement jusqu’à s’immobiliser, comme dans une roulette de casino, sur un nombre particulier. Et j’ai alors dit à Russel : « La corrélation sera d’environ r = 0,71 » (r varie de 0 à 1 dans le sens d’une cohérence croissante).

Le lendemain Russel m’appelle pour me dire : « C’est bien 0,71 ! ». Nous étions tous deux stupéfaits . Nous avions montré pour la première fois que la cohérence des ondes alpha de l’EEG étaient associées à la créativité et j’avais la joie d’avoir eu l’intuition de cette corrélation spécifique.

Maharishi crée le diagramme du fonctionnement optimisé du cerveau

J’étais un jour en train d’expliquer  à Maharishi les différentes corrélations que nous avions trouvé entre les variables étudiées. Il a commencé à dessiner sur son bloc-notes et je me demandais s’il ne m’écoutait pas que d’une oreille. Mais il me tendit ensuite son schéma où les différentes variables étaient représentées par des ovales connectés par des lignes à la cohérence EEG, indiquant pour chacune d’entre elles la correlation et son degré de probabilité. Ce schéma (voir schéma 2) est devenu incontournable dans les conférences d’introduction à la MT données à travers le monde et une version de celui-ci est présente encore aujourd’hui dans les plus récents rapports de recherche sur la MT.

Schéma 2 : Optimisation du fonctionnement du cerveau : variables corrélées avec la cohérence de l’EEG ( Note : La valeur p est la probabilité que la relation observée se produise par hasard, plus la valeur p est faible, plus la corrélation est forte).

Le schéma 2 montre la correlation entre les différentes variables étudiées, la cohérence cérébrale, la créativité ou l’aisance à produire des contenus conceptuels, la capacité accrue à appréhender de nouveaux concepts ou des raisonnements fondés sur des principes moraux, un QI plus élevé, une diminution des tendances névrotiques, de meilleurs résultats scolaires, une résilience neurophysiologique et l’expérience sublime de la conscience transcendantale (CT). De telles correlations indiquent que tous ces éléments constituent différents aspects d’un tout intégré.

La vision de Maharishi concernant l’importance fondamentale de la synchronie et de la cohérence pour la physiologie du cerveau et l’évolution de la conscience est vérifiée par ces résultats associés à la cohérence  EEG. Les COSPAR de Paul Levine ont montré que la MT augmente la cohérence des EEG. Ce tableau quant à lui montre en quoi l’augmentation de la cohérence des EEG par la pratique de la MT permet d’obtenir des améliorations concrètes en termes de créativité, d’intelligence et de sens moral.

Dans les années 70, la cohérence de l’activité du cerveau n’était pas encore évaluée en neurophysiologie, mais de nos jours elle est reconnue comme le fondement de l’organisation des taches effectuées par le cerveau. Russel me racontait récemment que lors d’un échange avec le professeur Paul Sausseng de l’université de Salzburg, une sommité dans l’étude de la cohérence et de la synchronie des EEG, que ce dernier avait déclaré que les études des EEG étaient entre de bonnes mains chez les chercheurs qui étudient la MT ! Ce domaine de la recherche reconnaissait maintenant l’importance de la synchronisation, comme Maharishi l’avait prévu et nous avait demandé de nous focaliser il y a plusieurs décennies.

A la recherche d’un marqueur biologique des périodes de conscience transcendantale

Par notre propre expérience, nous savions que la pratique de la MT se caractérise par une succession de différents états de conscience, des pensées, des moments de transcendance, parfois des périodes d’assoupissement ou de sommeil, tout cela en fonction des besoins du corps. Dans notre recherche scientifique sur la Conscience Transcendantale, nous voulions identifier le moment précis où les pensées laissent place à l’expérience d’une conscience sans limite. Nous pensions que cela nous aiderait à établir que la conscience transcendantale était véritablement un quatrième état de conscience. Et comme précédemment, ce fut Maharishi qui nous guida dans nos observations.

Arosa, une des localités, en Suisse, où était installé MERU et où Maharishi dirigeait des cours avancés de méditation dans les années 70.

A cette époque de nombreux VIP ont rendu visite à Maharishi dans le cadre de MERU à l’hôtel Annapurna de Courchevel dans les Alpes françaises, en dehors des saisons de ski. C’était le quartier général d’où Maharishi conduisait des cours avancés de MT dans différentes localités de la région, sites où il se rendait fréquemment en hélicoptère.

Lors d’une de ces visites, Maharishi emmena ses invités et les scientifiques présents visiter le laboratoire d’électroencéphalographie où se déroulait une expérience. Dans une première pièce étaient entassés notre matériel d’enregistrement EEG de 7 pieds de haut et d’autres équipements, et dans une seconde pièce se trouvait le sujet en train de méditer. Tout le groupe observait les enregistrements des 12 canaux EEG et de la respiration sur de grandes feuilles qui venaient s’empiler en une pile bien rangée.

Alors qu’Alarik était en train d’expliquer le processus, Maharishi l’interrompit pour demander en tendant sa main vers les enregistrements en cours : «Et ça, qu’est-ce que c’est ? » Interloqué, Alarik s’est interrompu puis a repris son exposé. Quelques instants plus tard, observant toujours les enregistrements, Maharishi demanda à nouveau : « Qu’est-ce que c’est ? » Cette scène se produisit à plusieurs reprises et nous nous demandions tous avec perplexité à quoi Maharishi faisait allusion.

Puis Maharishi s’est avancé et s’est mis à déplier la pile des feuilles d’enregistrement en les étalant tout autour, en disant «Ici, ici et là », indiquant de longues périodes de suspension de la respiration. « Ce sont des périodes de conscience transcendantale ».

La même histoire se répétait : Maharishi avait guidé les scientifiques vers l’étude de la synchronie et la cohérence comme des éléments clés dans l’étude des EEG et maintenant il nous indiquait comment observer des phases spécifiques de conscience transcendantale.

L’étude de phases spécifiques de transcendance

Une fois ce point établi par Maharishi, pour chacun d’entre nous, il devint évident que les moments de transcendance claire s’accompagnaient de phases de suspension de la respiration. Et nous le savions également par notre propre pratique quotidienne de la MT. Mais comment partager cette connaissance avec le reste du monde ? Quelqu’un de sceptique pourrait nous dire : « Comment pouvez-vous affirmer que le sujet était en train de transcender au moment où sa respiration s’est arrêtée ? »

Schéma 3 : Suspension spontanée de la respiration pendant l’expérience de la conscience transcendantale (CT). Le sujet appuie sur un bouton pour indiquer les moments de conscience transcendantale, sans aucune pensée. Ces moments coïncident avec les phases de suspension de la respiration qui peuvent être considérées comme un biomarqueur de la conscience transcendantale.

Le docteur John T Farrow, biochimiste formée à Brandeis University, et Russel Hebert ont monté une série d’expériences judicieuses pour le confirmer. Ils donnaient comme consigne aux sujets d’appuyer sur un bouton chaque fois qu’ils avaient une expérience subjective de transcendance. Les moments d’arrêt de la respiration se produisaient juste avant que les sujets n’appuyaient sur le bouton (Voir schéma 3). Cela indiquait qu’une expérience claire de la conscience transcendantale venait de se produire. Ainsi à travers quatre séries d’expériences impliquant 40 sujets pratiquant la MT et l’observation de 565 phases de suspension de la respiration, John et Russel ont établi de façon indéniable que pendant les phases de conscience transcendantale, il y a suspension de la respiration. Cette suspension de la respiration constitue donc un biomarqueur indéniable de la conscience transcendantale. Il est à noter que ces arrêts de la respiration pendant la pratique de la MT se produisent spontanément et naturellement dans le contexte d’une expérience très agréable de profond repos, qu’il n’y a pas manque d’oxygène ni après coup d’hyperventilation compensatoire.

Cohérence cérébrale dans le quatrième état de conscience

Ayant identifié un biomarqueur des phases de conscience transcendantale, l’étape suivante a consisté à rechercher ce qui se produisait de particulier au niveau des EEG pendant ces expériences. Dr Kheireddine Badawi, physicien libanais venu nous voir de Paris et Dr Anne-Marie Rouzeré ont mené cette étude en collaboration avec Keith Wallace et moi-même.

Dr Anne-Marie Rouzeré lors d’une célébration dans l’amphithéâtre principal à Seelisberg en Suisse

Ce que nous avons trouvé, c’est que, pendant les phases de CT indiquées par la suspension de la respiration, la cohérence des EEG augmente entre toutes les régions du cerveau et pour toutes les fréquences. Pour reprendre une expression venue de la physique quantique, il s’agissait d’une cohérence globale indiquant que le cerveau tout entier se trouvait dans son mode de fonctionnement (ground state) leplus simple et le plus cohérent.

L’étude des EEG effectuée par Anne-Marie Rouzeré montre clairement l’accroissement global de la cohérence des EEG pendant ces phases d’arrêt de la respiration. Elle a découvert ensuite, en travaillant avec Dr Renata Hartman et Dr Badawi, que la MT produit une augmentation spectaculaire d’ondes alpha et theta hautement synchronisées dans les régions centrales et frontales du cerveau. C’est un argument supplémentaire pour soutenir l’hypothèse que la MT produit un état unique mais tout à fait naturel d’éveil au repos. Une recherche plus récente a montré qu’une plus grande amplitude des ondes alpha était associée à un état de bien-être, ce qui est l’expérience habituelle pendant la pratique de la MT.

Une description scientifique de la conscience transcendantale

Finalement qu’avons-nous appris ? Existe-t-il un quatrième état majeur de la conscience, la conscience transcendantale (CT), tel que Keith l’a envisagé dans sa thèse de doctorat de l’UCLA dans les années 70 et publié dans de nombreuses revues scientifiques ? En un mot OUI. Keith a découvert que l’ensemble des changements physiologiques qui se produisent pendant la pratique de la MT ont des caractéristiques différentes de ce qui se passe en état de veille, de rêve ou de sommeil profond. L’augmentation des ondes EEG de fréquence alpha 1 est particulièrement intéressante puisqu’elle indique un état d’éveil au repos du corps et de l’esprit.

Schéma 4 : Augmentation de la cohérence globale de l’EEG dans toutes les zones cérébrales pendant la conscience transcendantale

Des recherches ultérieures ont révélé que, sur la bande de fréquence alpha-1, la cohérence est forte entre toutes les zones cérébrales, ce qui est corrélé avec une vaste ensemble de fonctions assurées par le cerveau qui sous-tendent les processus mentaux, comportementaux et affectifs : la créativité, l’intelligence, l’éthique et le bien-être.

Jusque-là, la recherche avait porté sur les changements se produisant pendant une séance complète de MT, séance pendant laquelle le sujet passe par une série d’états successifs. Qu’en était-il des moments spécifiques d’expérience de la conscience sans limite pendant cette pratique ?

Nos recherches sur ces moments où les sujets ont une expérience claire de la conscience transcendantale montrent une suspension spontanée de la respiration tandis que s’installe une cohérence élevée entre toutes les régions du cerveau et à toutes les fréquences EEG, c’est-à-dire une cohérence cérébrale globale. Ceci nous indique que ces moments de pure conscience transcendantale sont simplement des versions plus intégrées de ce qui se passe généralement pendant la pratique de la MT.

Cela signifie que chacun d’entre nous fait l’expérience de la conscience transcendantale dans chaque méditation ; et ce, que nous en ayons une expérience subjective claire ou pas du tout !

Mais ce n’est pas tout : les résultats de ces recherches impliquent que nous sommes tous en chemin vers l’illumination. Nous avons établi l’existence de la conscience transcendantale en tant que quatrième état de conscience. Nos recherches ultérieures vont prouver que par la pratique régulière de la MT, la CT acquiert un caractère permanent et se maintient pendant les états de veille, de rêve et de sommeil profond. Ceci donne naissance à un cinquième état de conscience tout à fait unique, la conscience cosmique. Ce cinquième état avec ses caractéristiques physiologiques est décrit par Maharishi comme la condition sine qua non du succès dans tous les domaines de la vie.

Voir aussi : «L’histoire remarquable de l’exploration scientifique du développement de la conscience» ► 
 Pour en savoir plus sur le travail du Dr Orme-Johnson, visitez son site Web

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