DES RECHERCHES FONDATRICES

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L’ HISTOIRE REMARQUABLE DE L’EXPLORATION SCIENTIFIQUE DU DÉVELOPPEMENT DE LA CONSCIENCE
Les travaux de pionniers qui ont révolutionné notre vision de la méditation
DAVID ORME-JOHNSON, PH.D.

Nous vivons aujourd’hui à une époque où l’importance de la méditation pour la santé et l’actualisation de soi est largement reconnue. Ce ne fut pourtant pas toujours le cas. Au milieu du 20e siècle, Il n’existait que très peu de recherches scientifiques sur la méditation. Comment s’est opéré ce changement de la façon de percevoir le développement de l’être humain ? Sommes-nous vraiment capables aujourd’hui d’évaluer scientifiquement les états de conscience supérieurs ?

Pour répondre à ces questions, il nous faut retourner au début des années 70, lorsqu’un groupe de jeunes scientifiques et universitaires s’engagèrent dans une quête révolutionnaire.

(Traduction de l’article : « The Remarkable Story of the Scientific Exploration of Enlightenment », 2ème d’une série de 5 articles publiée sur le site EnjoyTMnews.org

Dr David Orme-Johnson en 1974

J’ai eu la chance de faire partie de ce groupe. Nous pratiquions la technique de Méditation Transcendantale* (MT*) et avions tous envie d’effectuer des recherches sur le nouvel état de conscience dont nous faisions l’expérience durant la MT. Nous avons alors cherché à dresser un portrait scientifique de la MT, de la conscience transcendantale et de ses innombrables bienfaits.
En travaillant avec Maharishi Mahesh Yogi, le fondateur de la MT, nous avons créé deux universités. Des institutions dédiées à l’étude expérimentale, théorique et empirique de l’illumination et de sa relation avec diverses disciplines universitaires : Maharishi International University (MIU) et Maharishi European Research University (MERU).

Dans cette série d’articles, c’est l’histoire du développement accéléré de cette science de l’illumination que j’expose (voir la partie 1 (en anglais « La quête de l’illumination chez un scientifique »).

Comment un ingénieur grec a-t-il réussi à persuader le Standford Research Institute d’étudier la MT ?

Avant même 1973, époque à laquelle je publiais ma recherche sur la stabilité du système nerveux autonome améliorée par la pratique de la Méditation Transcendantale, la nouvelle de ces travaux s’est rapidement répandue dans le petit monde des méditants, et j’ai été très vite contacté par d’autres scientifiques travaillant sur la MT. La personne qui assurait le lien entre tous ces chercheurs était un ingénieur grec à la personnalité charismatique, le Dr Demetri Kanellakos.

Demetri Kanellakos, Ph.D., Standford Research Institute (1973)

La jeunesse de Demetri a été marquée par la guerre en Grèce. Une époque où les forces d’occupation allemande, italienne et bulgare ont mobilisé toutes les écoles, interrompant sa scolarité durant quatre ans. Il réussit pourtant à obtenir un doctorat en ingénierie électrique et à travailler pour le Standford Research Institute (SRI), l’une des plus grandes institutions de recherche au monde.

Peu après avoir appris à méditer en 1969, Demetri a commencé à rassembler avec enthousiasme les recherches existantes sur la MT. Il savait, sur la base de sa propre méditation, qu’il faisait l’expérience de quelque chose de nouveau, de différent. C’était une évidence. Il voulut donc continuer ce travail de recherche à Standford, ce qui s’est avéré plus difficile que prévu.

Demetri Kanellakos… savait, sur la base de sa propre méditation, qu’il faisait l’expérience de quelque chose de nouveau, de différent. C’était une évidence.

Des données inédites sur le 4e état de conscience

Pour convaincre ses collègues, Demetri a rassemblé les premières études réalisées à cette époque : notamment mon étude, publiée dans Psychosomatic Medicine, mais surtout la thèse de doctorat de Keith Wallace à UCLA (Université de Californie, Los Angeles). Les données révolutionnaires issues de la recherche de Keith montraient que la MT induisait un quatrième état majeur de conscience, appelé conscience transcendantale. Cette recherche fut publiée dans des revues scientifiques de tout premier plan, telles que Science, American Journal of Physiology et Scientific American.
À l’idée d’un quatrième état de conscience, la communauté scientifique fronçait les sourcils et manifestait sa méfiance. Lorsque Demetri a proposé aux principaux chercheurs du département de psychologie de SRI de réaliser une étude pilote sur le quatrième état de conscience, ils se moquèrent de lui. « Demetri, tu ne connais rien à la psychologie, retourne à ton ingéniérie. »

Les constats révolutionnaires de Keith Wallace ont montré que la MT produit un quatrième état majeur de conscience, la conscience transcendantale

L’interprétation restrictive du behaviorisme prévalait à cette époque ; elle ne reconnaissait pas l’influence de l’esprit sur le corps, et encore moins l’existence d’un quatrième état de conscience, de surcroît transcendantal. Demetri se rappelle avoir été mis pratiquement à la porte de leurs bureaux.
Pourtant, il persista, en s’appuyant sur la recherche de Keith. Les données montraient que la MT produit un état d’éveil au repos dont les caractéristiques physiologiques sont différentes de celles des états de veille, de sommeil profond et de rêve, non pas sur la base de quelques paramètres mais sur une dizaine d’entre eux : EEG (électroencéphalographie, mesure de l’activité cérébrale), mouvements oculaires, tension musculaire, motilité corporelle, consommation d’oxygène, température corporelle, débit cardiaque, gaz du sang, rythme cardiaque et tension artérielle.

Keith Wallace, Ph.D., Président fondateur de Maharishi International University

Cet ensemble de variables était à l’opposé d’un état de stress. Ses implications en terme de santé étaient considérables. La médecine commençait tout juste à reconnaître l’impact du stress sur la santé en général, et nous avions là un antidote efficace qui pouvait s’incorporer à la routine de vie de chacun.

Ce qui caractérise la MT, c’est l’association d’un état de repos profond avec un degré élevé d’intégration cérébrale : un état unique « d’éveil au repos ».

Mais je m’avance un peu trop.

La médecine commençait tout juste à reconnaître l’impact du stress sur la santé en général, et nous avions là un antidote efficace qui pouvait s’incorporer à la routine de vie de chacun.

Les profondes implications des recherches de Standford

Finalement, l’étude pilote du SRI (Stanford Research Institute) eut bien lieu. Non pas du fait de la seule évaluation des travaux par l’équipe de scientifiques, mais du témoignage de l’épouse d’un haut responsable du SRI qui joua un rôle déterminant. Elle avait appris la MT et en avait ressenti des bienfaits spectaculaires !
Les deux études, l’article précurseur de Keith et l’étude du SRI sur la MT, ont servi de base solide pour poursuivre la recherche sur ce sujet. Alors que Keith avait étudié la MT sur des méditants expérimentés, la recherche du SRI concernait de nouveaux méditants qui n’avaient pas déclaré d’intérêt particulier pour apprendre la MT. Cela donna plus de poids à cette étude car elle montrait que les effets produits n’étaient pas dus à des conditions préalables, telles qu’un intérêt des personnes à apprendre la MT.

Les conclusions de SRI après trois mois d’étude furent très claires :
• tout le monde peut apprendre la MT et faire l’expérience de changements positifs : modification des EEG et de paramètres physiologiques, diminution de l’anxiété et de la dépression, plus de bien-être.
• en trois mois seulement, les résultats rassemblés indiquent des changements significatifs dans tous les domaines indiqués précédemment.
• la MT se révèle être un sujet d’étude valide avec de nombreuses applications possibles : meilleures performances personnelles, maladies cardiaques, réduction de la consommation de drogues, diminution de la prescription de médicaments tels que valium, somnifères, etc.

L’article précurseur de Keith et l’étude du SRI sur la MT ont servi de base solide pour poursuivre la recherche sur ce sujet..

Une fois l’étude SRI et la recherche de Keith publiées, les étudiants de deuxième cycle pouvaient entreprendre des recherches sur la MT. Leurs demandes se trouvaient validées par :
• la thèse de Keith, publiée dans Science, Scientific American et d’autres revues scientifiques, qui montrait que la MT produit un quatrième état de conscience susceptible d’être étudié ;
• les lettres de recommandation du Standford Research Institute adressées à Demetri et affirmant que la MT est un sujet d’étude valide produisant des effets à court terme (en quelques mois seulement).

Afin d’entériner le rôle crucial de Demetri et de Keith dans la recherche scientifique sur l’illumination, Maharishi attribua à chacun d’eux un titre honorifique. Pour son rôle déterminant à Standford, Demetri fut nommé « Premier scientifique de l’introduction de la conscience en science ». Pour avoir montré la réalité physiologique de la conscience transcendantale – fondement de la croissance de l’illumination –, Keith fut nommé « Premier scientifique de l’Age de l’Illumination ».

L’existence logique du 4e état de conscience

Selon les Upanishads de la tradition védique de l’Inde et selon toutes les grandes civilisations, la conscience transcendantale est la clé de l’illumination. Et cependant, comme Keith et Demetri l’ont réalisé, son existence n’était ni connue ni acceptée par la communauté scientifique.
L’un des jeunes scientifiques travaillant avec Maharishi a eu une idée ingénieuse permettant à chacun d’envisager en toute logique l’existence d’un quatrième état de conscience.

Paul Levine, docteur en physique, CalTec

Paul Levine a étudié au MIT (Massachussets Institute of Technology) et soutenu son doctorat en physique théorique à Caltec (California Institute of Technology). Méditant enthousiaste, il donnait des conférences dans la région de Palo Alto avec Demetri au début des années 70.

Paul présentait à son auditoire le dessin d’une grille à deux entrées : l’une pour conscience, l’autre pour pensées. Et il posait la question : « Quel est l’état de conscience avec conscience et pensées ? Il mettait alors un V pour veille dans le carré correspondant. « Et pas de pensées, pas de conscience ? » Un S pour le sommeil, dans le 2e carré. « Des pensées mais pas de conscience ? ». Un R pour rêve dans le 3e carré.

Il restait un carré vide pour « ni pensées ni conscience ». Qu’est-ce que cela pouvait être ?

Existe-t-il un 4e état de conscience ? Le schéma conçu par Paul Levine est encore utilisé aujourd’hui dans des articles scientifiques.

Ainsi s’ouvrait la discussion sur la conscience transcendantale (CT), le quatrième état de conscience. En CT, l’esprit est éveillé mais il n’y a pas de pensées. Paul présentait la recherche de Keith montrant que cet état est physiologiquement distinct de la veille, du rêve et du sommeil.

Demetri a lui aussi beaucoup utilisé ce schéma de la grille et l’a transmis aux professeurs de MT dans le monde entier. Il est encore utilisé dans des articles scientifiques pour expliquer la conscience transcendantale. Pour n’en citer qu’un seul, voir l’article du Dr. Fred Travis : « Transcendental Experiences During Meditation Practice », dans Advances in Meditation Research: Neuroscience and Clinical Apllications (2014).

Des scientifiques de tous horizons

En 1972, sous la direction de Maharishi, notre groupe de scientifiques et d’universitaires a créé la Maharishi International University à Santa Barbara, Californie (aujourd’hui sise à Fairfield, Iowa), puis, en 1973, la Maharishi European Research University (MERU) en Suisse. Je suis devenu directeur de recherche et président de MERU, et président du département de psychologie de MIU.
MERU s’est établi dans l’hôtel Seeblick à Weggis, sur les bords du lac Lucerne, dans les Alpes suisses. Nous y avons installé un laboratoire de psychophysiologie ; Maharishi se réunissait régulièrement avec nous et les scientifiques de passage pour discuter des recherches en cours. Nous y avons organisé de nombreuses conférences avec des spécialistes de toutes disciplines. Plusieurs lauréats du prix Nobel y participèrent, comme le physicien, Brian Josephson, spécialiste de la théorie quantique.

Un moment crucial : Maharishi souligne l’importance de la synchronie

Le Dr. Jean-Paul Banquet, Ph.D., chercheur en neurophysiologie à Paris, fut l’un de ces invités. Il avait commencé la recherche sur la MT alors qu’il était au Stanley Cobb Laboratories for Psychiatric Research du Massachussets General Hospital et Havard Medical School. Jean-Paul incarnait l’image du français, l’accent charmant, le regard sauvage, les cheveux en bataille, vivant littéralement dans son laboratoire, dormant à côté des enregistreurs d’EEG (électroencéphalographie).
Alors qu’il nous présentait ses résultats sur les EEG, Jean-Paul a commencé à décrire comment, durant la MT, les ondes alpha lentes (8 à 9 Hz) devenaient particulièrement synchrones entre les hémisphères droit et gauche, et entre les aires frontale et occipitale.

Jean-Paul Banquet, Ph.D., M.D., chercheur en neurophysiologie

Maharishi qui semblait écouter d’une oreille distraite, écrivant sur son bloc-notes comme il avait l’habitude de le faire durant ces réunions, alerta soudainement tout le monde sur la signification du terme synchronie. Une discussion s’en suivit immédiatement.
Physiologiquement parlant, cette synchronie globale des ondes alpha signifie que les différentes aires du cerveau fonctionnent ensemble, qu’elles produisent des ondes de même forme et de même fréquence. Ce qui révélait un fonctionnement cérébral plus ordonné, une pensée plus claire, une meilleure coordination corps/esprit, une meilleure mémoire, une créativité accrue, etc.

Bien que rien n’avait été démontré empiriquement à cette époque, tout cela est désormais reconnu par les spécialistes en EEG, comme nous le verrons plus loin.

Sagesse védique ancienne, science moderne et l’état de vide quantique

Lawrence Domash, docteur en physique,   co-fondateur de MERU

Ces conversations exploratoires entre scientifiques et Maharishi mettaient souvent en évidence des connections profondes entre les découvertes les plus récentes de la science moderne et la sagesse de la connaissance védique ancienne.
Maharishi aimait beaucoup écouter ce que les physiciens avaient à dire, particulièrement Lawrence Domash, un physicien spécialiste du laser. Formé au Princeton’s Institute for Advanced Studies (rendu célèbre par Einstein), postdoctorat à Harvard, il était recteur de MERU.

Larry fit remarquer que le niveau quantique le plus fondamental de la loi naturelle est son état de moindre excitation, Vacuum State ou état de vide quantique, un état dans lequel tout est synchrone, tout est cohérent.
Maharishi expliqua que cette description correspondait parfaitement à celles de la conscience transcendantale dans la littérature védique. Dans les Yoga Sutra de Patanjali par exemple, Yoga signifie l’union de l’esprit individuel avec son fondement transcendantal, la conscience transcendantale. Comme le décrit l’un des sutras ou aphorismes : Yoga est l’apaisement complet de l’activité de l’esprit (yogas-citta-vritti-nirodhah).

L’atmosphère de la pièce semblait rayonner, comme si tout était imprégné de clarté intellectuelle et de béatitude. Nous savions que nous vivions un moment historique exceptionnel.

Nous avions établi le lien entre la compréhension intellectuelle de la conscience transcendantale, notre expérience personnelle de la MT et quelque chose de mesurable : les EEG spécifiques de cette expérience.

L’atmosphère de la pièce semblait rayonner, comme si tout était imprégné de clarté intellectuelle et de béatitude. Nous savions que nous vivions un grand moment historique. Mais nous étions également conscients du long chemin restant à parcourir pour convaincre l’ensemble de la communauté scientifique.

Lors d’un symposium à l’université de Cambridge en 1974, Maharishi Mahesh Yogi en discussion avec (de gauche à droite) le Dr David Orme-Johnson, le Dr Brian Josephson (lauréat du Prix Nobel), le Dr Michael Weinless (professeur de mathématiques), le Dr. Ivor Mills (professeur de médecine), le Dr. Keith Wallace et le Dr. Byron Rigby (professeur de psychiatrie). Photo New Scientist 23 mai 1974.

(Traduction de l’article : « The Remarkable Story of the Scientific Exploration of Enlightenment », 2ème d’une série de 5 articles publiée sur le site EnjoyTMnews.org

À suivre…

Dans un prochain article, également publié sur le site Enjoy TM News, nous verrons comment les professeurs de MT ont expliqué l’importance de la synchronisation générale du cerveau à la communauté scientifique. Comme Maharishi l’avait prédit, la cohérence des ondes cérébrales durant la MT est la clé du fonctionnement optimal du cerveau et du plein développement de notre potentiel créatif et intellectuel.

Le Dr. David Orme-Johnson est l’un des principaux scientifiques à avoir effectué des recherches sur la technique de Méditation Transcendantale, avec une centaine de publications dans des revues à comité de lecture. Il a été directeur de recherche du International Center for Scientific Research et vice-président de Maharishi European Research University (MERU), responsable du département de psychologie, directeur du programme de doctorat en psychologie, co-directeur du programme de doctorat en physiologie de la conscience humaine, et doyen de recherche. Le Dr. Orme-Johnson a présenté les recherches sur la MT dans 56 pays lors de conférences scientifiques, auprès de hauts responsables gouvernementaux et aux Nations-Unies.

Références
1. Orme-Johnson DW. Autonomic stability and Transcendental Meditation. Psychosomatic Medicine. 1973;35:341-9.
2. Wallace RK. Physiological effects of Transcendental Meditation. Science. 1970;167:1751–4.
3. Wallace RK, Benson H, Wilson AF. A wakeful hypometabolic physiologic state. American Journal of Physiology. 1971;221:795-9.
4. Wallace RK. The Physiology of Meditation. Scientific American. 1972;226:84-90.
5. Katz V, Egenes T. The Upanishads: with an Introduction by the Translators. New York, NY: Penguin Random House; 2015.
6. Pearson C. Supreme Awakening: Experiences of Higher States of Consciousness Across Time and Across the World. Fairfield, Iowa 52557 USA: Maharishi University of Management Press; 2012.
7. Travis F. Transcendental experiences during meditation practice. Annals of the New York Academy of Sciences. 2014;1307(Advances in Meditation Research: Neuroscience and Clinical Applications ):1-8.
8. Banquet JP. Spectral analysis of EEG in meditation. Electroencephalography and Clinical Neurophysiology. 1973;35:143-51.
9. Domash L. The Transcendental Meditation technique and quantum physics: Is pure consciousness a macroscopic quantum state in the brain? In: Orme-Johnson DW, Farrow JT, editors. Scientific Research on the Transcendental Meditation Program: Collected Papers, Volume I. Livingston manor, New York: Maharishi European Research University Press; 1977. p. 652-70.
10. Egenes T. Maharishi Patañjali Yoga Sūtra. First ed. Fairfield, Iowa: 1st World Publishing; 2010, pp. 11-12.

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