Méditation Transcendantale et addiction

Partager

Pour un nombre croissant de personnes, la méditation transcendantale est un outil essentiel de leur rétablissement.

L’overdose est la cause principale de décès accidentel aux États-Unis. Sur 47 055 cas de mort par excès de drogue en 2014, on attribue 29 467 cas aux analgésiques pris sur ordonnance et à l’héroïne. Le gouvernement fédéral a investi des  milliards de dollars dans le financement de stratégies de traitement et de prévention, mais l’épidémie n’a toujours pas montré de signe de déclin.

Une partie de la solution pourrait venir de la pratique de la méditation transcendantale (MT). C’est le thème d’une conférence organisée en avril 2016 à New York par la Fondation David Lynch, durant laquelle des spécialistes (addictologues, psychiatres, sociologues) et des toxicomanes convalescents, dont le célèbre comédien Russell Brand et la présentatrice du magazine télévisé d’ABC «20/20» Elizabeth Vargas, ont largement évoqué le rôle de la MT dans la lutte contre la crise liée aux opiacées en Amérique.

La méditation de pleine conscience est déjà utilisée dans les programmes de désintoxication aux États-Unis, de même que la MT qui commence à être connue du public. Ce dont les intervenants de cette conférence ont largement témoigné.

addiction recovery transcendental meditation summit

La conférence était parrainée notamment par la Fondation David Lynch, dont l’objectif est de proposer la MT aux populations à risque, particulièrement exposées au stress. Depuis sa création (il y a vingt ans maintenant), cette fondation promeut la pratique de la MT pour parer à des problèmes urgents comme la violence dans les écoles de quartiers difficiles ou les troubles de stress post-traumatique dont souffrent les anciens combattants. « Avec des résultats très significatifs », comme l’a souligné Bob Roth, directeur général de la Fondation lors de cet événement.

Compte tenu de la gravité de l’épidémie liée à la consommation d’héroïne et d’analgésiques aux USA, la Fondation envisage désormais l’extension de ses programmes au contexte du traitement de la dépendance à ces produits.

La racine du problème

Selon Bob Roth, le stress est à la racine du problème de drogue en Amérique. « Le problème de la drogue est provoqué en grande partie par l’épidémie de stress qui sévit aujourd’hui en Amérique comme ailleurs », a déclaré Bob Roth. Le stress alimente l’anxiété, la dépression, les troubles du sommeil, les troubles de l’alimentation et les troubles d’apprentissage, ce qui peut amener une personne à se tourner vers des médicaments pour atténuer ces problèmes. « Mais, bien sûr, ça ne marche pas ».

« Le recours aux pilules se banalise », déplore le Dr. Richard Friedman, professeur de psychiatrie clinique et directeur de la clinique de psychopharmacologie du Weill Cornell Medical Center« C’est tellement plus facile de prendre une pilule. »

« Les solutions à la va-vite ne s’attaquent pas à la racine du problème », abonde Elizabeth Vargas. La journaliste d’ABC News souffrait d’anxiété de longue date. Dès l’âge de six ans, elle a commencé à avoir des « crises quotidiennes d’angoisse aiguës » quand son père a été enrôlé pour la guerre du Vietnam.

Conférence : "Méditation et addiction", Jennifer Ashton et Elizabeth Varga (ABC News) et Bob Roth

Conférence : « Méditation et addiction », Jennifer Ashton et Elizabeth Varga (ABC News) et Bob Roth

« Les médecins ne vous demandent pas si vous souffrez d’anxiété », dit-elle. « Il m’a fallu des années pour avoir le courage de confier à quelqu’un que j’étais anxieuse. Quand j’ai dit cela à un médecin, il m’a refilé une ordonnance ».
Les pilules étaient un sparadrap, une solution bancale pour résoudre un problème beaucoup plus profond. « Finalement, devenue adulte, je me suis tournée vers l’alcool pour calmer mon anxiété ».

Son expérience illustre la logique erronée qui se dissimule derrière l’obsession de prescriptions de médicaments. « Personne ne traite ce qui cause l’anxiété, on ne fait qu’en traiter les symptômes ».

Depuis, Elizabeth Vargas a commencé la pratique de la MT. À son retour de cure de désintoxication en 2014, son collègue George Stephanopoulos, présentateur à la chaîne ABC, l’a encouragée à essayer la technique. Un an plus tard, son anxiété était « bien moindre qu’avant ».

« La Méditation Transcendantale vous aide à vous calmer », témoigne Elizabeth Vargas. « Si vous pouvez vous calmer suffisamment pour penser clairement, vous pouvez commencer à non seulement gérer cette angoisse mais à comprendre que ce qui vous terrifiait tant n’est pas vraiment terrifiant. »

Accéder au calme intérieur

« La MT, ce n’est pas arrêter de penser », explique Bob Roth, « mais plutôt accéder au calme intérieur. Cela n’a rien de miraculeux. C’est un processus très simple et tout à fait naturel ». En tant que professeur de MT, l’un des plus recherchés aux USA, il aime utiliser la métaphore de l’océan pour expliquer la technique de méditation transcendantale. « Quand vous êtes sur un bateau au milieu de l’océan, secoué par les vagues, il y a toute cette turbulence à la surface, mais en profondeur, l’océan est toujours calme ; et bien, c’est pareil pour notre esprit ».

addiction recovery meditation tm research summit rosenthal

Dr. Norman Rosenthal, professeur de psychiatrie clinique à Georgetown University School of Medicine, recommande la MT à presque tous ses patients. « Je prescris des traitements psychoactifs depuis des décennies, et je le fais toujours quand ils sont nécessaires », déclare-t-il.  « Mais au fil des années, j’ai découvert tout ce que les médicaments ne peuvent pas faire. Il y a tellement de choses que les médicaments ne font pas, en plus des effets secondaires qui sont vraiment problématiques. »

Et d’ajouter : « Nous devons vraiment comprendre ce que les solutions comme la MT peuvent apporter afin de réduire les posologies, atténuer les effets secondaires et élever le niveau de conscience ».

Des programmes de recherche dédiés

De nombreuses recherches démontrent l’éventail des bienfaits de la MT concernant la réduction du stress, de l’anxiété et de l’insomnie, pour ne citer que ceux-là. « Dès le milieu des années 90, 19 études portant sur l’abus de drogues et d’alcool démontraient l’efficacité de la MT dans ce domaine », commente le Dr Rosenthal. Mais il en faut plus. Au vu de l’épidémie croissante d’opiacées, des organisations comme la Fondation David Lynch s’intéressent à ce que la MT peut faire pour les personnes dépendantes.

C’est ainsi qu’une étude de faisabilité sur l’impact de la technique de MT sur la prévention de rechute, a été lancée au centre de cure Avery Road , à Rockville (Maryland) qui soigne en milieu hospitalier les problèmes d’alcoolisme. Sur une période d’un an, la MT est intégrée au traitement de cet établissement recevant le plus grand nombre de patients atteints de troubles primaires dus à la consommation d’alcool dans l’État du Maryland .

Selon Bob Roth, les premiers résultats donnent « un aperçu passionnant de la façon dont la technique peut être utilisée pour résoudre le problème de dépendance aux opiacés ». Ce qui en ferait selon lui, un antidote efficace contre le cauchemar de la dépendance.

« Lorsqu’on ajoute ces résultats aux recherches publiées précédemment, qui montrent que la MT augmente la dopamine et la sérotonine, réduit le cortisol et le lactate sanguin (qui sont élevés dans les cas d’anxiété) et augmente l’efficacité du système immunitaire, on peut clairement envisager tout l’apport potentiel de cette simple technique si on l’intègre aux programmes de cure », déclare Bob Roth.

Témoignages à l’appui

L’étude de faisabilité est financée par la Fondation Peter G. Dodge, un organisme d’aide aux personnes souffrant d’alcoolisme. Le fondateur lui-même, Peter Dodge, est un ancien alcoolique guéri qui dit avoir dû se battre pour trouver une alternative au programme des Alcooliques Anonymes (AA) qui ne marchait pas pour lui. Une fois stabilisé par rapport à son problème personnel, Peter Dodge s’est engagé, par le biais de sa fondation, à fournir un guide complet de traitement de l’alcoolisme et à financer des bourses de recherche. Dodge a commencé à pratiquer la MT il y a deux ans. Il dit être ainsi « passé de la nuit au jour »« Mon cerveau a été complètement rénové. »

Jonny Podell et Ruby Warrington se sont eux aussi battus contre la dépendance et évoquent non seulement le changement spirituel induit par la pratique de la MT mais aussi leur rétablissement physiologique. Podell, qui travaillait dans l’industrie de la musique, a sombré suite à une prescription d’analgésiques lors d’une opération chirurgicale de la main. Il en était arrivé à prendre près de 200 à 300 analgésiques par semaine. « C’était devenu un cauchemar », dit-il. Quand on il a commencé la MT, en cure de désintoxication, selon lui, « le ciel s’est ouvert ». Il n’a pas eu besoin de drogues depuis quatre ans : « une prouesse que j’attribue personnellement à la MT ».

Autre intervenante de la conférence, la journaliste Ruby Warrington voulait s’arrêter de boire pour son bien-être. Avec la MT, « mon attrait pour l’alcool a tout simplement complètement disparu », a-t-elle déclaré. « C’est pour ainsi dire la dernière pièce du puzzle dans ma lutte avec l’alcool. »

 La MT a également aidé le comédien et activiste Russell Brand dans sa guérison. « J’y ai trouvé une composante et un complément incroyablement utile à ma guérison et à ma sobriété. Cela me donne accès à un degré de conscience tout à fait différent », explique Russell Brand. Il reconnaît que la MT à elle seule ne peut pas garantir de guérison stable. La méditation a permis de satisfaire ce qu’il dit être «une sorte de profonde aspiration» qu’il tentait de combler avec toutes sortes de substances toxiques. « Je crois que ce que je cherchais, à travers mon usage excessif et continu de toxiques, c’était un autre plan de conscience, un moyen de me sentir différent. »

« Tout expert connaissant le comportement et la pensée des toxicomanes vous dira que c’est un penchant à l’auto-destruction, compulsif et obsessionnel qui conduit à l’abus de drogues et d’alcool », insiste Russell Brand. « La MT est un moyen spécifique de gérer la pensée, de changer la conscience. » Brand médite depuis sept ans.  « Une chose est sûre, c’est que ça vous donne davantage de recul. Et cette perspective est tout ce qui compte. »

Du recours à la MT face à la toxicomanie et en psychiatrie

Fort de l’aide de ces personnalités pratiquant la MT, la fondation dirigée par Bob Roth sous l’égide du cinéaste David Lynch, se voue à cette cause, afin d’aider non seulement les personnes souffrant de troubles mentaux ou de toxicomanie, mais bien au delà. « Cette pratique peut avoir un impact profond sur toute personne », insiste Russell Brand.

En témoignait encore, à la suite de la conférence de New York, la consultante en toxicologie Jo Sullivan en fonction à Nick’s Place, un établissement de cure pour jeunes hommes à Beltsville dans le Maryland, qui s’est dite interpellée par les divers témoignages présentés durant cette rencontre. Elle même étant en convalescence depuis 2013, elle confiait au journal TheFix  qu’elle comptait bien utiliser la MT dans sa propre convalescence et la présenter aux résidents de Nick’s Place. « Ils font un peu tout ce qu’ils peuvent pour essayer de s’en sortir et prévenir la rechute, donc je suis sûre qu’ils seraient prêts à entendre cela », a-t-elle déclaré.

Traduit de l’article initialement publié par Victoria Kim (TheFix)

 

Partager

Laisser un commentaire