À l’écoute des signaux de son corps
Dans le domaine de la santé, nous avons tous quelque chose à raconter. (Linda Egenes, 22/05/2020)
Mon approche personnelle du monde de la santé a commencé dès l’enfance quand mes parents m’ont appris à manger des fruits et des légumes frais et du pain complet, des idées réellement révolutionnaires dans les années 60 alors que le pain de mie était roi ! Je fus rarement malade et me souviens n’être allé chez le docteur que deux fois ‒ une fois suite à une mauvaise rencontre avec un sumac vénéneux et une autre fois alors que j’avais marché sur un fil de fer barbelé et avais besoin d’une piqure contre le tétanos.
Plus tard, vers mes 25 ans, je me suis rendue compte que je n’étais plus en aussi bonne santé. Chaque printemps, je souffrais de congestion et de sinus bloqués avec, parfois, une forte toux me contraignant à rester à la maison pendant tout un mois. Pour la première fois de ma vie, je me mis à prendre des antibiotiques qui, finalement, furent sans effet. Manifestement, quelque chose était déséquilibré en moi, mais je ne savais pas comment remédier à la situation. Et, il n’y a rien de pire que de se sentir mal sans arriver à comprendre ce qui ne va pas !
La santé selon les saisons
Par chance, peu de temps après, j’ai commencé à m’intéresser à la science pratique de l’Ayurvéda Maharishi.
J’appris que le printemps est la période de l’année durant laquelle « kapha dosha » prédomine, c’est-à-dire un environnement froid, lourd, humide (des qualités spécifiques à ce dosha). Je découvris que si je réduisais les produits laitiers ‒ en particulier les glaces ‒ j’évitais l’accumulation d’ama, le sous-produit visqueux d’une mauvaise digestion responsable de la plupart des déséquilibres. Apprendre à ajuster mon alimentation selon les saisons me fut incroyablement utile et je fus sidérée de constater à quel point un petit changement pouvait résoudre un gros problème de ma vie.
Une alimentation en fonction de son type physiologique
A partir de là, j’appris à connaître quel était mon type physiologique et l’alimentation appropriée dont j’avais besoin pour me maintenir en bonne santé (par opposition au régime unique, pour tous types, que j’avais connu dans mon enfance).
Mais surtout, j’appris à être à l’écoute de mon corps et à répondre directement à ses besoins. Par exemple, si, lors d’un voyage ou d’une situation stressante, je me sentais sur le point d’être congestionnée, je changeais immédiatement mon alimentation pour quelque chose de plus léger comme des légumes bien cuits et chauds avec des légumineuses, afin de rétablir ma digestion.
J’appris comment choisir ma nourriture pour maintenir une digestion équilibrée tout au long de l’année et ne pas accumuler d’ama dans la physiologie. Au fur et à mesure que j’approfondissais ma connaissance des changements saisonniers qui nous affectent tous, ainsi que la relation innée entre notre esprit et notre corps, j’avais le sentiment de recevoir des indications essentielles à la résolution du puzzle de ma propre santé.
En d’autres termes, la compréhension des principes sous-jacents au fonctionnement de mon propre type psycho-physiologique et la façon dont les facteurs saisonniers, sociaux et émotionnels m’affectaient, devinrent un tremplin au développement de mon intuition.
J’ai appris à être à l’écoute de mon esprit et de mon corps différemment.
C’est ce que l’on pourrait appeler une approche approfondie de l’Ayurvéda. Il s’agit de développer votre boussole intérieure, d’écouter les signaux envoyés par votre corps, d’apprendre comment utiliser la nourriture, les compléments à base de plantes et de faire les bons choix de vie pour rétablir votre équilibre. Cela peut sembler difficile à maîtriser mais, en fait, tout le monde possède cette capacité intérieure.
Prêter attention
La première étape dans la stabilisation de l’état d’équilibre est de prêter attention à votre propre ressenti.
Par exemple : comment vous sentez-vous le matin ? Qu’est-ce qui est le mieux pour vous ? Avoir diné léger la veille ou au contraire avoir pris un repas plus lourd avant d’aller au lit ? Quand vous vous couchez tard, est-ce que vous vous sentez plus en forme le lendemain ou est-il préférable que vous alliez vous coucher plus tôt ? C’est cela trouver le bon équilibre ‒ être conscient de ce qu’une façon particulière de se nourrir ou le choix d’un mode de vie spécifique peuvent vous apporter. Le développement de la capacité à s’autoguider est un outil puissant pour nous aider à être en accord avec les lois du monde extérieur.
Les recommandations ayurvédiques ‒ les conseils saisonniers
Les recommandations alimentaires et sur l’hygiène de vie, selon vata, pitta et kapha, fournissent des indices très utiles et un éclairage pertinent, en ce qui me concerne, sur les déséquilibres dans le domaine de la santé.
Cependant, il peut parfois arriver que les conseils diététiques pour les différents doshas soient source de confusion. Par exemple, nous sommes tous constitués d’une combinaison des trois doshas et si vous êtes kapha-vata, les recommandations diététiques pour kapha sont exactement à l’opposé de celles pour vata ! Cela peut susciter de la confusion tant que vous n’utilisez pas vos propres mécanismes d’autoréférence.
De plus, nos besoins changent en fonction des saisons et des cycles de la vie. Ainsi, personnellement, je suis une vata-pitta, mais, si je suis arrivée à renforcer mon système respiratoire supérieur, au printemps, ce n’est pas en suivant les conseils spécifiques à ce type physiologique mais en suivant ceux appropriés au type kapha !
De nouvelles situations
Dans la vie, nous sommes souvent confrontés à de nouvelles situations qui ne s’inscrivent pas dans les règles existantes.
Dans ce cas, les recommandations ayurvédiques doivent nous amener à découvrir ce qui est le mieux adapté à notre physiologie unique, aidé en cela par notre intuition. Fondamentalement, la compréhension réelle des choses vient de l’intérieur. C’est pourquoi je l’appelle Ayurvéda approfondi. Il ne convient pas simplement de suivre les règles, mais de les ajuster aux besoins spécifiques de votre esprit-corps. Il s’agit donc, tout en vous appuyant sur la connaissance ayurvédique théorique, de suivre votre règle intérieure, votre intuition, ce que votre propre corps vous communique, comment vous ressentez les choses et ainsi de trouver des solutions. C’est une stratégie à la fois subtile et efficace.
Vous vous dites, sans doute, « d’accord »… cela a l’air bien ! Mais comment développer votre autoréférence, votre boussole intérieure ? C’est un peu comme une télévision qui ne serait pas branchée ; il est difficile de capter des signaux si vous êtes déconnecté de votre soi intérieur ou si la coordination esprit-corps est inexistante.
Quatre étapes simples
Voici quatre étapes simples pour vous reconnecter à votre boussole intérieure, améliorer votre maîtrise de l’ « Ayurvéda approfondi » et rétablir votre équilibre.
1. Suivre une routine quotidienne saine
Des habitudes sanitaires simples, suggérées ci-dessous, peuvent vous aider à restaurer l’équilibre de votre système esprit-corps et à vous reconnecter à votre propre nature.
Les piliers de l’Ayurvéda sont : un bon sommeil, une nourriture fraîche en accord avec votre type physiologique et la saison, de l’exercice quotidiennement et la réduction du stress. La voie ayurvédique conduisant au maintient de son équilibre est la même pour tous.
Cependant, les aspects spécifiques varient en fonction de votre type psycho-physiologique, la saison, le climat du lieu où vous vivez, ainsi que d’autres influences, émotionnelle, sociale et environnementale. L’Ayurvéda reconnaît ces différences et propose des recommandations appropriées aux trois types physiologiques basiques (ou trois doshas). Ceci est un principe fondamental de l’Ayurvéda : il existe différents remèdes pour différentes personnes. Ainsi, la routine quotidienne, le mode de vie, le type d’exercice, la nourriture que l’on mange ‒ tous ces aspects sont légèrement différents selon notre type psycho-physiologique.
Je vous suggère de vérifier les recommandations pour chacun des types vata, pitta et kapha afin d’en retirer des conseils pertinents et une compréhension plus claire.
2. Élimination des toxines
Les toxines au niveau de la physiologie, qu’elles proviennent de l’environnement ou d’une mauvaise digestion (ama), peuvent causer un sentiment léthargique ou des perceptions vagues ou encore obscurcir l’intuition.
Des gestes ayurvédiques simples comme l’abhyanga quotidien (massage à l’huile), de l’exercice régulier (la marche, etc.), des procédures de purification saisonnière et la consommation de thés spécifiques (détox et digest) peuvent vous aider à nettoyer votre esprit et votre corps et, ainsi, vous permettre de mieux vous connecter à vos ressources intérieures.
Les thés digest et détox contiennent des quantités égales de fenouil, de cumin et de graines de coriandre. En prendre une cuillère à café (l’un ou l’autre), la mettre dans une bouteille thermos, rajouter 400 ml d’eau bouillante et il ne vous restera plus qu’à en siroter quelques gorgées de temps en temps pendant la journée.
3. Pratiquer l’autodiagnostic par le pouls (*)
La méthode la plus efficace et la plus approfondie pour déterminer vos besoins est le diagnostic par le pouls, appelé nadi-vigyan dans les textes ayurvédiques anciens.
Il s’agit d’un outil de diagnostic puissant pour évaluer l’état de votre esprit et de votre corps et ce qu’il est nécessaire de faire pour rétablir l’équilibre. C’est également une méthode thérapeutique en soi.
Le fait de porter votre attention sur votre pouls, dans une ambiance tranquille, va permettre à votre système esprit-corps de s’apaiser et de se rééquilibrer. Cette méthode est dite être une « fenêtre ouverte sur le cœur ».
4. Méditer quotidiennement
J’ai remarqué que ma pratique quotidienne de la technique de Méditation Transcendantale m’aide à éliminer le stress et à être plus auto-référente, intuitive et alerte.
Cela m’aide aussi à être en accord avec mon ressenti et mes besoins. De plus, quand je transcende le niveau de surface des pensées et fais l’expérience de la félicité, profondément à l’intérieur, j’éprouve ensuite de la joie dans tout ce que j’accomplis dans l’activité. Je constate que je suis alors capable de spontanément choisir la nourriture et les modes de comportements me procurant le plus grand bien-être.
Quelle que soit la méthode ou la méditation choisie, il est important d’arriver à tirer avantage de vos ressources intérieures. Ensuite, selon vos désirs et votre inclinaison naturelle, vos choix seront de plus en plus en harmonie avec votre propre nature. Avec le temps, percevant de mieux en mieux ce que sont un esprit et un corps équilibrés, il vous sera de plus en plus facile de prendre les bonnes décisions, de choisir les options les plus saines pour maintenir votre équilibre.
Ainsi, les recommandations ayurvédiques deviennent plus faciles à suivre au fur et à mesure que l’harmonie avec votre nature intérieure se développe. Elles permettent également de vous confirmer que vous allez dans la bonne direction.
L’Ayurvéda traditionnel
Voici, parmi les textes ayurvédiques, un de mes passages favoris présentant une vision complète de ce que signifie « être en état d’équilibre ».
« Les individus dont les doshas sont équilibrés, dont l’appétit est bon, dont les tissus (dhatus) fonctionnent normalement, dont les éliminations et les autres systèmes d’évacuation des impuretés (malas) sont équilibrés et dont le corps, l’esprit et les sens baignent dans la félicité, sont dit être en bonne santé. » Sushruta Sutrasthana 15, 41.
N’oublions pas que l’objectif principal de l’Ayurvéda est de faire en sorte que les gens se sentent équilibrés et heureux. Si vous souhaitez éprouver de la félicité, si vous souhaitez vous sentir bien, alors naturellement, vous rechercherez la nourriture et le style de vie qui vous procureront une bonne santé.
Adapté du témoignage de Linda Egenes : Advanced Ayurveda: Listening to Your Body’s Signals © Copyright 2019 Maharishi Ayurvedic Products International, Inc. (MAPI).
Linda Egenes est l’auteur de 6 ouvrages dont Super Healthy Kids : A Parent’s Guide to Maharishi Ayurveda, en collaboration avec le docteur Kumara Reddy.
POUR EN SAVOIR PLUS : La lecture du pouls pour se connaître soi-même ; EN VIDÉO : Introduction à la lecture du pouls pour soi